Comment ne pas aborder le cheminement du café en Ethiopie puisqu’il s’agit du berceau originel, avec le Soudan Sud, du Coffea Arabica. Ces terres ont abrité probablement plus de 10 000 variétés endémiques sauvages. La date exacte de l’apparition de l’arbuste reste une énigme emplie de légendes et de mystères mais l’histoire laisse penser que le café poussait en Ethiopie à une période proche de 525 après JC. De même, il est fort probable que la toute puissante Abyssinie (Ethiopie), qui dominait alors le royaume d’Himyar (Yémen), ait permis vers 575 après JC l’introduction des premiers caféiers au Yémen.
Le Sidama reste la région centrale de la production caféière en Ethiopie avec 80 000 producteur·rices et une cinquantaine de coopératives. Des montagnes escarpées de Bensa aux vallées de Dale et d'Aleta Wendo, le café pousse partout ; il est ancré dans le mode de vie d’un peuple. La station de lavage d'où provient ce café fait partie des plus hautes du pays (2190m). Son propriétaire, Ayele Tulu, et sa famille, exercent la caféiculture depuis 3 décennies. Aujourd’hui son fils Tsegab Ayele Tulu dirige l’entreprise d’exportation Heleph Coffee. L’histoire de cette dernière tire ses origines d’un triste constat de Tsegab : le manque d’échanges avec les client·es et les consommateur·rices finaux est criant ; on produit pour qui ? La rentabilité des ventes de cafés est faible, le peu de perspectives de changements et d’avenir découragent les fermier·ères. Tsegab assiste au désintérêt grandissant de sa famille, de ses proches et des jeunes générations pour la caféiculture. Comment aider et réagir ? Il profita en 2016 de la libéralisation du marché du café pour créer en 2018 Heleph Coffee qui signifie « changer » ou « passer » en hébreu. Son ambition sera de devenir le premier « producteur » de café transparent, communautaire, traçable et innovant d’Éthiopie. Il respecte, et place les producteur·rices au centre de ses préoccupations, il veut comprendre, interagir et communiquer pour mieux les aider à relever les défis et difficultés auxquels ils sont confrontés. La qualité des cafés proposés reste la clé de voûte Heleph Coffee mais Tsegab pense aussi aux conditions de travail durables et équitables, à la formation des caféiculteur·rices ; le tout dans une démarche respectueuse de l’environnement. Ce café provient du travail de plus 600 cultivateur·rices indépendant·es de zone de Bona Zuria, chacun·e possède et exploite entre 3 et 8 hectares. Ils cueillent les cerises de café et les livrent à cheval ou à dos d’âne à la station de lavage Ayele Tulu d’Heleph Coffee. Cette année, la structure fondée en 2014 a produit 5 containers de café d’une qualité irréprochable. Les fermier·ères de la région travaillent dans la production caféière depuis plus de deux décennies. Les variétés qu'ils cultivent à l’ombre ont été sélectionnées au fil des années et sont constituées en partie des fameuses sélections du JARC.
Dans les années 1960, les caféiers Éthiopiens prennent de plein fouet une épidémie dévastatrice de « Colletotrichum kahawae ». Ce champignon tueur colonise et ravage les cerises du caféier provoquant des chutes de rendements importantes dans les plantations. Pour lutter contre ce fléau et d’autres maladies le Centre de Recherche d’Agriculture de Jimma (JARC) vit le jour (1967). En 1974, plusieurs cultivars résistants furent sélectionnés et nommés sous la forme : année et no de lot ; ainsi sont apparues des variétés 74165, 74158… Le nom générique -heirloom- englobe l’ensemble des variétés indigènes ancestrales d’Ethiopie. Il reflète aussi souvent l’incapacité pour un chercheur, un acheteur de café vert, voir d’un producteur à identifier distinctement la ou les variétés endémiques de ses fèves : « je ne sais pas... alors il s’agit d’un -heirloom-.
Ethiopie
La station Ayele Tulu, à 2190 m d’altitude, est l’une des plus hautes d’Éthiopie. Dirigée par Tsegab Ayele Tulu via Heleph Coffee, créée en 2018, elle promeut une caféiculture traçable, durable et équitable, centrée sur les producteur·rices. Ce café provient de 600 cultivateur·rices de Bona Zuria, exploitant de 3 à 8 hectares, qui livrent leurs cerises à la station. Heleph Coffee valorise la qualité, la formation et le respect de l’environnement pour répondre aux défis de la filière.