Comment ne pas aborder le cheminement du café en Ethiopie puisqu’il s’agit du berceau originel, avec le Soudan Sud, du Coffea Arabica. Ces terres ont abrité probablement plus de 10 000 variétés endémiques. La date exacte d’apparition de l’arbuste reste une énigme emplie de légendes et d'anecdotes mais l’histoire laisse penser que le café poussait en Ethiopie à une période proche de 525 après JC. De même, il est fort probable que la toute puissante Abyssinie (Ethiopie), qui dominait alors le royaume d’Himyar (Yémen), ait permis vers 575 après JC l’introduction des premiers caféiers au Yémen.
Nous voici aux abords de la ville de Yirgacheffe, dans un district considéré comme l’un des poumons de la caféiculture Éthiopienne. Ici la majorité des agriculteur·rices produisent sur moins de 5 hectares ; nous pourrions même dire que la taille d’une plantation ne se compte pas en superficie mais en nombre d’arbres. L’agriculture se veut traditionnelle (proche du jardin) avec une alternance de caféiers et de cultures vivrières. La qualité remarquable des cafés Ethiopiens n’est plus à démontrer et elle s’explique par une combinaison de facteurs. Le nombre de variétés endémiques ancestrales du pays offre une diversité génétique incomparable. Le mode de cultures ancestrales, les méthodes de transformation et le savoir transmis depuis des générations participent à la qualité des fèves obtenues et soutiennent la diversité. La station Idido, d’où provient ce lot, se trouve à 9 km de la ville de Yirgacheffe et fut construite en 1998. La structure appartient à l’exportateur Haileslassie Ambaye Plc, l’un des pionniers du café de spécialité Ethiopiens. Comme Mr Ambaye l’explique : « Il y a 30 ans les agriculteur·rices n’attendaient pas la pleine maturité des cerises de café. Ils, elles n’avaient juste pas la trésorerie suffisante pour payer les coûts et planifier la récolte suivante. Alors, par faute de moyens, les drupes étaient récoltées de manière précoce et vendues sur le marché de masse limitant ainsi le volume de cafés de très haute qualité ». Ambaye s’interroge : comment aider les producteurs·rices à étendre leur plantation et leur permettre d’attendre la maturité des cerises ? La solution apparaît comme une évidence : il faut leur fournir les ressources financières nécessaires. Cet homme fût donc l’un des premiers à prêter de l’argent sans intérêts aux fermier·ères. Il ira même plus loin avec la mise en œuvre de centres de contrôle qualité et de transformation à la pointe du progrès. Son objectif : obtenir des cafés d’une qualité élevée et constante à fournir au marché international, offrir un avenir pérenne aux producteur·rices. Avec sa société, Ambaye dispense depuis quinze années des formations aux fermier·ères accompagné·es d’agronomes et conseille directement ou indirectement 45000 agriculteur·rices dans leur travail.
La variété de ce café est locale, de type chiffré (ex : 74110) et méritent quelques explications. Au début des années 1960, les caféiers Éthiopiens prennent de plein fouet une épidémie dévastatrice de « Colletotrichum kahawae ». Ce champignon tueur colonise et ravage les cerises du caféier provoquant des chutes de rendements importantes dans les plantations. Pour lutter contre ce fléau, le Centre de Recherche d’Agriculture de Jimma (JARC) vit le jour en 1967. En 1974, plusieurs cultivars résistants furent sélectionnés et nommés sous la forme : année et no de lot ; ainsi sont apparues les variétés 74112, 74165 et bien d’autres.
Ethiopie
À Yirgacheffe, les petit·es producteur·rices cultivent le café de manière traditionnelle, en alternance avec des cultures vivrières. La qualité des cafés provient des variétés endémiques et des méthodes ancestrales. Haileslassie Ambaye, pionnier du café de spécialité, a créé la station Idido en 1998 et soutient les producteur·rices en leur offrant des prêts sans intérêts et des formations pour améliorer la qualité du café et assurer leur avenir.