Les premiers pas de la culture caféière se feront au Rwanda, sous gouvernance allemande vers 1900, avec l’introduction par des missionnaires des premiers pieds de café dans la région de Mibirizi. En 1930, l’empire colonial belge règne sur les terres du Rwanda, la caféiculture est alors rendue obligatoire par les autorités et ne cessera de croître sur la décennie suivante. Il faut produire coûte que coûte pour alimenter la consommation extérieure. A partir de 1973 le café devint une marchandise précieuse et il fut donc interdit d'arracher les caféiers du sol. Aujourd'hui 400 000 fermier·ères portent l’industrie du café au Rwanda et cultivent souvent sur des parcelles inférieures au ¼ ha.
La station de la coopérative de Cocatu fut fondée dans les années 2007 par une vingtaine d’agriculteur·rices, et la majeure partie des parcelles cultivées se trouve dans les hautes montagnes de Tumba. Le développement rapide de Cocatu porta la communauté à 6 000 exploitant·es inscrit·es, mais la crise financière mondiale qui suivit poussa la structure vers une remise en question majeure et une perte considérable de ses membres. La coopérative a demandé, en 2017, le soutien de la station de lavage (voisine) de Kinini, qui dispose d’une infrastructure technologique plus efficiente et d’un meilleur contrôle qualité. Elle se trouve dans le district de Rulindo, à une quarantaine de kilomètres au nord de Kigali, et appartient à l’entreprise R & B Import Export, fondée par Malcolm Clear et Jaqueline Turner en 2012. Aujourd’hui, les 260 producteur·rices du groupement de Cocatu composent, avec 8 autres coopératives, celle que l’on nomme : « Kinini Washing Station (R & B) ». Un partenariat a été mis en place entre les agriculteur·rices et Kinini (R & B) : il repose sur un bail de 30 ans renouvelable pour l’utilisation des 252 hectares destinés à la culture du café, approuvé et avalisé par le gouvernement local des secteurs de Rusiga et de Mbogo. L’accord entre les deux parties est soumis aux conditions de l’office foncier rwandais, garantissant aux caféiculteur·rices et à R & B Import Export de pouvoir produire et vendre du café pendant au moins 30 ans. L’entraide fait partie de la vie même des coopératives. Aussi, de nombreux agriculteur·rices fournissent une assistance et des conseils en agronomie lorsque cela est nécessaire. Certains, comme les membres de Cocatu, utilisent leurs économies pour prêter à d’autres agriculteur·rices à des taux favorables, un projet qu’ils appellent « A Cocatu Microfinance ». La station de Kinini facilite et soutient, depuis 2022, le développement d’une caféiculture durable. Elle a mis en nurserie 30 000 semis de cafés biologiques en provenance de la coopérative « Cocafelol » du Honduras, dont l’expertise n’est plus à démontrer.
Le Bourbon Mayaguez doit son nom à la collection génétique de Mayaguez à Porto Rico, d'où il aurait transité avant de passer en Amérique centrale ; cette collection est gérée par USDA. Cette variété ancienne fut introduite dans la banque de matériel génétique de Mulungu en République démocratique du Congo dans les années 1930. La variété sera ensuite utilisée au Rwanda au début des années 1950, avant de devenir l’un de ses cultivars majeurs. Lors de l'introduction de la population de Bourbon Mayaguez en Afrique de l'Est, certains arbres « mères » ont été sélectionnés plutôt que d'autres dans le but de diffuser de nouvelles variétés. Les cultivars de Bourbon Mayaguez 139 et Bourbon Mayaguez 71 découlent de ces sélections. Les performances agronomiques de ces caféiers sont proches, avec une stature haute, un rendement élevé, offrant une très bonne qualité en tasse à haute altitude.
Rwanda
Fondée en 2007, la coopérative Cocatu s’est associée en 2017 à la station de Kinini, dans le nord du Rwanda, pour renforcer qualité et durabilité. Aujourd’hui, 260 producteur·rices cultivent 252 ha via un bail de 30 ans soutenu par le gouvernement. Le projet inclut entraide locale, microfinance solidaire et 30 000 semis bio importés du Honduras pour une caféiculture durable.