Histoire

Nous voici en Ethiopie, pays où les premiers caféiers sauvages sont apparus. La date exacte reste une énigme emplie de légendes et d'anecdotes. Mais l’histoire laisse penser que le café poussait en Ethiopie à une période proche de 525 après JC. De même, il est fort probable que la toute puissante Abyssinie (Ethiopie), qui dominait alors le royaume d’Himyar (Yémen), ait permis vers 575 après JC l’introduction des premiers caféiers au Yémen. Sur les sols éthiopiens poussent une multiplicité de caféiers sauvages et cultivés : probablement plus de 8000 variétés ! La richesse et la qualité des profils gustatifs des cafés proposés sur ces terres de hautes altitudes sont une incitation au voyage : celui des sens !

Production

Aujourd’hui nous partons vers la ville de Shakiso dans une zone de forêts tropicales humides. Elle est située dans la partie orientale, en région d'Oromia, district de Guji en Ethiopie. Cette station de lavage de Shakiso dispose de plantations de caféiers de 10 années en moyenne et poussent en majorité à l’ombre ; les lots sont assemblés avec ceux des fermiers enregistrés à la station. En général un producteur·rice éthiopien·ne possède des parcelles de quelques acres et ne peut pas seul·e, fournir un lot de café complet. Véritable moteur économique et social, les stations de lavage fournissent aux producteur·rices ressources et moyens de subsistance et suscitent l’espoir d’un avenir durable. Le soutien en aval des exportateurs reste crucial car leur connaissance du marché est pointue. Ils sont également en charge d’une majeure partie des ventes comme dans l’entreprise Nardos coffee Export. Depuis l’assouplissement en 2017 des règles de la bourse éthiopienne des matières premières (EXC), les exportateurs peuvent vendre en direct aux acheteurs internationaux. Un vrai changement s’opère car il existe moins d’intermédiaires, de lourdeurs administratives et de délai d’exportation. Des jeunes producteur·rices comme Biniyam Aklilu (30 ans) ont perçu l’air du changement et ont su saisir l'opportunité d’améliorer la structure d’exportation familiale (Nardos Coffee). Son arrière-grand-père commença l’histoire en 1960 en tant que producteur, dans la région d'Oromia, zone Borena, district de Hagere Mariam. Ce fut ensuite au grand-père de relever le défi en poursuivant et en construisant la première station de lavage privée de la région. Enfin son père apportera une pierre majeure à l’édifice avec le lancement en octobre 1998 l’entreprise d’exportation. Voilà déjà 3 générations que la famille marque de manière indélébile l’histoire du café éthiopien. Biniyam, maintenant directeur de Nardos Coffe, peut-être fier du travail engagé depuis des années. La structure avec ses 9 stations et ses 115 salarié·es propose des formations aux techniques agricoles aux petits producteur·rices et leur apprend à sauver les caféiers vieillissants. Mais pas que. D’autres initiatives existent comme la culture et la distribution de plants aux fermier·ères, l’amélioration des routes, de l’accès à l’eau potable et des aides pour l’achat de manuels scolaires. Pour Biniyam la solidarité, la transmission des compétences et des connaissances restent la clé de voûte de la philosophie de l’entreprise.

Caféiculture

Parlons des variétés et du terme -heirloom-. Ce nom générique englobe l’ensemble des variétés cultivées ou indigènes ancestrales d’Ethiopie. Il reflète aussi souvent l’incapacité pour un acheteur de café vert, ou un producteur, à identifier distinctement la ou les variétés endémiques de ses fèves : « je ne sais pas… alors il s’agit d’un -heirloom- ».